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Cie Philippe Saire
Av. de Sévelin 36
1004 Lausanne
Suisse

en résidence permanente au Théâtre Sévelin 36

+41 21 620 00 12 info@philippesaire.ch

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Actéon spectacle ×

Pièce chorégraphique de Philippe Saire pour 4 danseurs, Actéon prend place dans l’univers fascinant, étrange et controversé de la chasse. La pièce adapte librement le mythe grec d’Actéon ; l’histoire de ce chasseur métamorphosé en cerf, puis déchiqueté par ses chiens. Tel qu’il est ici interprété, le mythe questionne de façon allégorique notre rapport au sauvage, une certaine utopie de la nature dont le discours du chasseur se fait l’emblème.
60 min


Si le désir d’ensauvagement est bien une tentative de transcendance de son quotidien, le chasseur, avec toute son iconographie , devient idéal pour incarner notre relation complexe à l’animal et au sauvage. Rapport à l’étrangeté de l’animal, à l’inconnu, à l’instinct et au non policé, à la prédation, au lâcher-prise, à notre place dans la nature... autant d’éléments qui habitent beaucoup d’entre nous.
Le spectacle Actéon aborde le monde de la chasse et utilise le mythe tout à la fois comme support et comme dénouement ; comme contexte de narration et comme conclusion dramaturgique : la dialectique homme/sauvage (partie 1 & 2 ci-dessous) et la métamorphose cathartique (partie 3).
Le premier temps de la pièce développe physiquement un équivalent au discours des chasseurs. Ils défendent leur pratique en se réclamant du retour à la nature, de la régulation de la faune, d’une communauté retrouvée, d’un lien à la tradition… et font de la chasse une romantique traque forestière. Pour évoquer ces rapports utopiques au sauvage, des codes peu usités dans la danse contemporaine sont mobilisés et renvoient à une forme de naïveté : par exemple une copie de la gestuelle des chasseurs en action, trouvée sur YouTube.
La dimension humoristique, très présente dans cette première partie, permet de contraster avec la gravité des propos, d’ouvrir un dialogue avec eux tout en mettant en lumière leur artificialité.
Le simulacre n’est pas une copie dégradée, il recèle une puissance positive qui nie et l’original et la copie, et le modèle et la reproduction. C’est le triomphe du faux prétendant. Gilles Deleuze, Logique du Sens
De toutes ces matières, entrecoupées de tentatives individuelles d’ensauvagement et d’un travail sur la nécessité du groupe, découle une transcription kaléidoscopique de l’univers cynégétique.
Un autre registre s’ajoute à cette diversité de formes : des chants, écrits et composés par le chorégraphe, sont entonnés par les danseurs et viennent accentuer la dissonance des chasseurs partant fleur au fusil.
Lieu d’expériences initiatiques, de pèlerinage, de fête… un dénominateur commun: la nature est utilisée pour mimer le retour au temps du mythe [...] si la nature sauvage et mystérieuse n’existait pas, il nous faudrait l’inventer. C’est bien d’ailleurs ce que nous faisons chaque jour. L’utopie de la nature Sergio Dalla Bernardina, p. 15
La deuxième partie bascule sur la violence tragique inhérente à la chasse. Elle constitue le contrepoint autant qu’une prise de position face à la naïveté jusque-là mise en avant, et au déni qu’elle contient. En dépositaires immémoriaux de nos origines, deux bouchers-guerriers s’activent sur la scène jonchée de formes animales – vaste charnier témoin des carnages.
Le troisième et dernier acte se concentre sur la légende éponyme. S’éloignant de la version ovidienne, Actéon fait ici le choix de changer de camp pour rejoindre celui des bêtes. Il devient proie, et se trouve poursuivi par ses propres compagnons, incarnation des chiens qui dévorent leur maître. Actéon n’est ici plus victime, mais héros défendant ses convictions au péril de sa vie. Dans ce dernier chapitre, les danseurs manipulent les lumières qui participent à la traque et génèrent des espaces en constants bouleversements.
L’aspect kaléidoscopique de la pièce se mue en une forme de montage cinématographique, et les chants prennent figure de chœur antique.


Le plateau est quasiment nu tout au long de la pièce : seules des carcasses en tissu jonchent le plateau dans le 2ème acte, et des panneaux LED sont maniés par les danseurs.


Longtemps, très longtemps, il observe les proies, leurs précautions excessives, l’absence de méfiance. Il sent que l’on veut lui faire jouer un rôle. Il a l’impression d’avoir été lui aussi acculé à un piège. Nulle part, il ne peut fuir. (...) Quand sa fureur prend fin, il a abattu trois mâles et six femelles. Les faons -plus rapides- ont fui. Le train arrière d’une biche à l’agonie tressaute. (...) Il faudrait qu’il achève la biche, qu’il s’assoit, qu’il respire, qu’il comprenne ce qui s’est passé, qu’il décide quoi faire de tant de viande, qu’il calme le tremblement de ses mains, qu’il soit foudroyé à l’instant, qu’il ne se soit pas levé ce matin, que l’arme se soit enrayée, que le fusil ait explosé en lardant d’éclats ses yeux, qu’un cerf l’ai piétiné, qu’il ait glissé, que son cœur se soit arrêté de battre, que ses mains se soient paralysées, que les questions s’arrêtent, qu’il se réveille, que tout ceci soit un cauchemar, qu’il apprenne à combattre la rage en lui, qu’il sache résister, qu’il renonce à la chasse, qu’il ne réagisse pas comme un chien endêvé flairant le sang, que rien ne se soit déroulé pour de vrai, que ce ne soit pas vrai, oh, non, pas vrai, pense-t-il alors que les larmes s’accumulent. Il n’a pas le souvenir d’avoir pleuré depuis des dizaines d’années, alors il pleure, hébété, stupide, ahuri, il pleure enfin ce qu’il n’a pas pleuré autrefois : la mort de son épouse, la rupture d’avec ses enfants, sa vie, il pleure mille fois ce qu’il aurait dû pleurer depuis si longtemps. Il pleure, l’idiot, sans que ses larmes viennent regonfler les poumons vidés des animaux, sans que son chagrin ne vienne redonner du mouvement à ce que la sottise de ses balles a rigidifié. Il pleure et il sait qu’il rentrera seul chez lui, qu’il prendra enfin la douche reportée, qu’il caressera le chat machinalement et qu’il n’avouera jamais à quiconque ce qui s’est passé dans la forêt. ?Il marche, dans son dos une biche n’en finit plus d’agoniser, les faons enfuis mourront de faim de n’être plus guidés, des animaux vont pourrir, être tailladés par des charognards, être lavés de leur chair, devenir d’énigmatiques os qui témoigneront qu’une chose terrible s’est déroulée au pied de la falaise. Il ne mangera même pas leur viande. Il ne souhaite que la brûlure qu’une chose terrible s’est déroulée au pied de la falaise. Il ne mangera même pas leur viande. Il ne souhaite que la brûlure d’une douche, comme si l’eau pourrait encore nettoyer ses blessures profondes, il marche dans l’odeur de la mort.


Concept et chorégraphie
Philippe Saire


Chorégraphie en collaboration avec les danseurs
Gyula Cserepes, Pierre Piton, Denis Robert, David Zagari


Assistanat à la création
Chady Abu-Nijmeh


Création lumières
Philippe Saire, Vincent Scalbert


Création sonore
Stéphane Vecchione


Costumes et accessoires
Julie Chapallaz, Nadia Cuénoud


Direction technique
Vincent Scalbert


Régie son
Basile Weber


Design graphique et photographies
matière grise | Philippe Weissbrodt


Vidéo
Pierre-Yves Borgeaud


Soutiens et partenaires
Ville de Lausanne, Canton de Vaud, Pro Helvetia, Loterie Romande, Fondation de Famille Sandoz, Ernst Göhner Stiftung, Corodis. La Cie Philippe Saire est compagnie résidente au Théâtre Sévelin 36, Lausanne.


↳ PHOTOS HD
↳ FICHE TECHNIQUE

Dates passées

Lausanne (CH)
14.11.2018
25.11.2018
Lausanne (CH)
06.02.2019
07.02.2019
Wiesbaden (DE)
16.03.2019
16.03.2019
Lugano (CH)
25.01.2020
25.01.2020