Première à l’Opéra de Lausanne, le 26 novembre 2006. Chorégraphie pour 6 danseurs.
Notre besoin de détachement. Notre faculté à nous divertir. Hors du poids, du noir, du morose. L’envie légitime de l’enchantement. Le désir d’euphorie. La vie comme une perpétuelle distraction. La danse contemporaine, ludique et tendre. Alors une pièce drôle ? Une pièce libre, le plus libre possible.
Après les explorations d’[ob]seen sur l’impudeur et de Sang d’encre sur l’inquiétude, je souhaitais pour cette création revenir à une investigation plus ludique. Comme si ce nouveau spectacle prenait la forme d’une réponse légère et personnelle à cette question: « Comment sortir du poids du noir, du constat morose, et trouver une légitimité dans notre besoin de détachement et d’euphorie ? »
Cela nous amène à interroger le divertissement et la distraction par le biais de la danse contemporaine. Il s’agit aussi de porter un regard tendre sur notre envie d’enchantement et sur notre faculté à nous distraire au quotidien.
Alors une pièce drôle ? En tout cas, une pièce libre, le plus libre possible.
Philippe Saire, chorégraphe
« L’art, c’est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art« . Robert Filliou
Le 26 novembre 1986, au Théâtre Municipal de Lausanne, Philippe Saire présentait la première création de sa Compagnie:Encore Torride. 20 ans plus tard, jour pour jour, l’Opéra de Lausanne accueille une nouvelle fois la Cie Philippe Saire, l’opportunité de présenter au public sa nouvelle création: Est-ce que je peux me permettre d’attirer votre attention sur la brièveté de la vie ?
Très différente des précédentes créations de Philippe Saire, Est-ce que je peux me permettre d’attirer votre attention sur la brièveté e la vie? détourne par la danse les codes du divertissement, et en joue sur un mode à la fois léger et pointu.
Au travers d’une imagerie festive, accessible et colorée, cette nouvelle création est conçue comme une revue astucieuse qui se laisse dévoiler par couches, pour atteindre et décortiquer les mécanismes de notre soif de distraction, moteur fascinant de nos vies et besoin universel.
Dis-traire (tirer hors). Ce à quoi nous tentons d’échapper, comment nous fabriquons ces tentatives.
Et en réponse à la question posée, un final en surprise, comme pour rappeler la fragilité de cet univers.
Revanche d’une blonde
C’est bien connu, la blonde est légère et évaporée. Elle rafraîchit, mais ne tient pas au palais. Et ce qui vaut pour la femme ou la bière, vaut pour le spectacle vivant. Aux côtés de la puissante tragédie et de la dissidente comédie, le cirque et le cabaret font figure de hochets qu’on agite devant un public qui ne demande qu’à être distrait… Stéréotypes ? Certes, mais ils ont la vie dure. Ainsi, lorsque pour fêter les vingt ans de sa compagnie lausannoise, Philippe Saire a avancé la distraction comme thème de sa nouvelle création, on a douté de cette volonté d’explorer par la danse le monde des paillettes et de l’illusion. Pas facile d’éviter le piège de la complaisance ou celui, plus tentant encore, du contre-pied téléphoné.
Pourtant. Est-ce que je peux me permettre d’attirer votre attention sur la brièveté de la vie ? se maintient en constant équilibre entre les deux options et échappe à toute tentative de réduction. Car si, sur une musique souvent musclée, les danseurs de Philippe Saire enchaînent des numéros de voltige, de french cancan ou de prestidigitation, une fausse note, comme un blues passager, court-circuite chaque fois la logique de séduction. Le cancan est livré couché, le secret du magicien éventé et le cirage noir qui enduit le corps de l’homme volant se dépose sans pitié sur le costume de son partenaire, immaculé… Même jeu pour cette magnifique séquence de claquettes où les danseuses luttent contre un crépuscule qui les dissimule. On le croquerait ce duo primesautier, encore faudrait-il le distinguer… Ainsi, le chorégraphe lausannois n’a pas besoin de déployer un arsenal bétonné pour bousculer ces arts dits légers. Il joue simplement sur la fragilité inhérente à ce monde de l’illusion. Comme si le simple souffle de qui s’en approche de trop près signait fatalement son évaporation. Dans la bière, n’est-ce pas la mousse qu’on préfère ?
Marie-Pierre Genecand, Le Temps, 9 décembre 2006
Pour sa fête,Philippe Saire fait feu de tout pas
Dans une émouvante création anniversaire,le chorégraphe Philippe Saire célèbre ce qui fait de la danse une fête permanente.
Il ferait presque peur, s’il n’était profondément ironique, le sourire de cette hôtesse en robe du soir qui accueille le public depuis la scène. Visage élastique, gestes amples de qui invite, la danseuse – après avoir exécuté quelque complexe contorsion pour enfiler un pull-over – lance ce qui n’est déjà plus un spectacle, mais un véritable show. Foin de célébrations mélodramatiques et d’hommages cryptiques: chez Philippe Saire, l’anniversaire est court et explosif. A l’occasion des vingt ans de sa compagnie, le chorégraphe lausannois change de ton et fait mine d’oublier ses soucis dans le très beau Est-ce que je peux me permettre d’attirer votre attention sur la brièveté de la vie? Les numéros s’enchaînent, donc, dans cette revue détournée qui pratique aussi bien le french cancan que le ballet façon Chorus Line. Mais rien chez Saire n’est emprunté et rendu tel quel, ni le tour de magie joliment ringard ni le tango désespéré. Et si toutes les séquences démarrent très platement – les amorces sont du meilleur effet comique -, elles finissent par prendre une autre tournure. Les danseurs, à l’étroit dans les tristes règles du divertissement, se libèrent, s’envolent littéralement et évoluent vers un vocabulaire plus poétique et généreux. Le contemporain travestit soudain l’ancien.
A ce processus d’appropriation, Saire applique son propre programme. « Comment sortir du noir? », écrit-il au sujet de cette création qui vient après [ob]seen et Sang d’encre, pièces sur l’impudeur et l’inquiétude. Sortir du noir, c’est convoquer les figures imposées de l’amusement qui ont fait depuis longtemps leurs preuves. Mais à Sévelin 36, où le spectacle est donné jusqu’à dimanche, la réponse est aussi littérale: les interprètes maîtrisent eux-mêmes la lumière depuis la scène, manipulant une série de néons sur roulettes. Dans ces brèves ou longues illuminations, ils apparaissent et disparaissent, dansent à contre-jour ou jouent avec leurs ombres. Au final, l’ensemble se pare d’une émouvante simplicité. Débarrassé de toute la lourdeur d’une interrogation métaphysique, le chorégraphe affiche ses propositions avec conviction. Porteurs de cette entreprise, Philippe Chosson, Anne Delahaye, Karine Grasset, Gilles Viandier, Mike Winter et David Zagari bougent avec une persévérance carabinée, s’animent en un jeu collectif efficace fait de sorties et d’entrées en scène, de cache-cache. Et c’est sans compter la présence surprenante de leurs doubles enfantins qui apparaissent dans un final épatant. On croirait pourtant à tort la création de Saire naïve. Lucide, son regard sur le divertissement se révèle précieux, car s’il postule la brièveté des satisfactions, jamais il ne les moque ou s’en détourne. Saire n’en perd pas une miette et nous non plus.
Sandra Vinciguerra, Le Courrier, 8 décembre 2006
Vingt bougies et des étincelles
(…) On découvre le chorégraphe lausannois dans une création légère, atypique, qui échappe à toute volonté de la classer d’emblée dans le parcours artistique de l’intéressé. Les six interprètes livrent en effet une suite étincelante de numéros de danse de revue (…) Mike Winter se démenant en peignoir, Anne Delahaye en présentatrice qui n’a rien à présenter ne sont que quelques exemples d’une série qui a tout pour plaire.
Anna Hohler, 24 Heures, 29 novembre 2006
Opéra de Lausanne, Ecole de Cirque de Lausanne, Bowling Lausanne Vidy, Karting de Vuitebœuf, Carrousels de Fribourg, Théâtre Arsenic, Philippe de Rahm, Murièle Zimmermann, Virginie Mayor et tous les parents.
Chorégraphie en collaboration avec les danseurs
Philippe Saire
Danseurs
Philippe Chosson,
Anne Delahaye,
Karine Grasset,
Gilles Viandier,
Mike Winter,
David Zagari
Conception lumière
Laurent Junod
Création sonore
Christophe Bollondi
Conseil artistique
Massimo Furlan
Assistante de production
Muriel Imbach
Costumes
Isa Boucharlat
Assistante costumes
Christine Emery
Habilleuse
Celia Franceschi
Régie générale
Yann Serez
Construction
Danny Clot, Daniel Demont, Maxime Fontannaz, Luc-Etienne Gersbach
Photographe
Mario del Curto
Graphiste
René Walker
Avec la participation de
Jérémy Barbezat, Lucie Benjamin, Evan Dovale, Maël Fidanza, Lena Furlan, Lisa Furlan, Alexei Giovanelli, Luis Melgar-Grasset, Nino Melgar-Grasset, Adrian Monnin, Noa Naclerio, Léo Oliveira
Conseil et collaboration
Claire Graf
Diffusion
Claude Freymond
Administration
Claudine Geneletti
Communication
Sonia Meyer
Secrétariat
Sarah Orfellini
Comptabilité
Régina Zwahlen
Entretien
Olivier Schubert
Stagiaires
Pierre-Yves Diacon, Job Michael Rouamba
Chorégraphie en collaboration avec les danseurs
Philippe Saire
Danseurs
Philippe Chosson,
Anne Delahaye,
Karine Grasset,
Gilles Viandier,
Mike Winter,
David Zagari
Conception lumière
Laurent Junod
Création sonore
Christophe Bollondi
Conseil artistique
Massimo Furlan
Assistante de production
Muriel Imbach
Costumes
Isa Boucharlat
Assistante costumes
Christine Emery
Habilleuse
Celia Franceschi
Régie générale
Yann Serez
Construction
Danny Clot, Daniel Demont, Maxime Fontannaz, Luc-Etienne Gersbach
Photographe
Mario del Curto
Graphiste
René Walker
Avec la participation de
Jérémy Barbezat, Lucie Benjamin, Evan Dovale, Maël Fidanza, Lena Furlan, Lisa Furlan, Alexei Giovanelli, Luis Melgar-Grasset, Nino Melgar-Grasset, Adrian Monnin, Noa Naclerio, Léo Oliveira
Conseil et collaboration
Claire Graf
Diffusion
Claude Freymond
Administration
Claudine Geneletti
Communication
Sonia Meyer
Secrétariat
Sarah Orfellini
Comptabilité
Régina Zwahlen
Entretien
Olivier Schubert
Stagiaires
Pierre-Yves Diacon, Job Michael Rouamba